C’est en avril 1994 que le chanteur remarque que « les conversations s’arrêtent quand il entre dans une pièce" et que les sanglots, les yeux mouillés, se posent dans les voix et sur les visages de ses proches.
Il n’avait que 9 ans. Mais personne ne l’avait mis au courant de la mort de son père, Pierre Rutare.
Il était médecin et il a été massacré "comme 800 000 autres Tutsi" après avoir été "emmené par les hommes de la garde présidentielle".
C’est trois ans plus tard qu’il pose ouvertement la question.
’Il est mort ?’ ’Oui !’ (...) Je l’avais un peu deviné. Alors, je n’ai pas pleuré. Peut-être que je m’étais préparé, barricadé. Il n’empêche : ce papa qu’on n’a pas vu petit, on ne pourra pas, plus tard, rattraper le temps perdu avec lui. C’est cela, le deuil » confie-t-il.
Le chanteur explique par ailleurs qu’il n’est pas en mesure d’écrire une chanson sur le génocide.
"Corneille, lui, peut le faire, parce qu’il a vraiment vécu ce drame. Ce serait mentir de dire que moi j’ai souffert avec mes frères africains", admet-il.